Plus on fait de surf trips, plus on réalise l’importance de sortir de sa zone de confort. Ça s’applique autant dans l’eau que sur la terre. C’est la meilleure façon de grandir à travers son voyage et de s’améliorer en surf. Au cours des 12 derniers jours, nous avons visité une dizaine d’îles miniatures au milieu de l’océan Indien. Même si nous avons dû manger du riz et des œufs du déjeuner au souper et parfois dormir directement sur le plancher, tout ça en a valu la peine pour ces instants de pure extase.
Lorsque l’on sort de notre premier « vrai » tube, notre perception du surf change pour toujours. Surfer à l’intérieur d’une vague et ne voir qu’un tunnel d’eau nous enveloppe, ça procure un sentiment d’extase difficile à exprimer. Tout d’un coup, on devient accros à ce « feeling » et il nous en faut toujours plus.
Assez rapidement, on réalise que l’énergie dans l’eau est très positive. En fait, il y a rarement plus que 20 surfeurs à l’eau. Si ces vagues étaient en Californie, il en aurait au moins 200!
Comme chaque spot de surf a ses propres règles, on prend notre temps pour bien analyser comment ça fonctionne ici à Sumatra. On réalise que les surfeurs sont tous extrêmement polis et prennent une vague chacun leur tour. Il n’y a pas de bataille pour savoir qui a droit à la prochaine vague, c’est tout simplement le surfeur ayant attendu le plus longtemps qui a priorité.
Depuis notre arrivée à Sumatra, le ciel est entièrement gris, mais sans précipitations. Après quelques jours sans avoir aperçu une parcelle de ciel bleu, on pose finalement la question à des habitants locaux, qui sont bien au courant de la situation.
On comprend alors que de grandes corporations mettent le feu à des millions d’hectares de forêts indonésiennes afin de convertir les terres en plantations de palmier à huile à moindre coût (huile de palme). C’est donc pour sauver de l’argent que des compagnies multinationales sont prêtes à créer des nuages de fumée toxiques qui s’étendent jusqu’aux Philippines. Cette expérience fut marquante pour nous. De comprendre que notre propre santé et celle de notre entourage sont à risque à cause de l’avidité de grosses corporations et de voir l’impuissance du peuple face à ces compagnies, c’est quelque chose que l’on n’oubliera jamais.
À la recherche de vagues sur notre bateau, on aperçoit une île déserte miniature. Elle est paradisiaque. On n’y voit que des palmiers, du sable blanc et de l’eau turquoise. Il n’y a aucune vague, mais on décide quand même de s’arrêter pour mettre les pieds sur une île déserte pour la première fois.
Le bateau glisse tranquillement sur le sable, on débarque et on fait le tour de l’île à pied. Ça nous prend environ 30 minutes. À notre retour, la marée a descendu et le bateau est à environ 2 mètres de l’eau, bien pris dans le sable. On se met à pousser de toutes nos forces, mais le bateau ne bouge pas d’un pouce. Après quelques tentatives, on commence à s’inquiéter. C’est l’après-midi, le soleil se couche dans deux heures. La marée allait seulement remonter dans 4 heures, pour que l’eau se rende à notre bateau. On n’a pas de réception et aucun bateau à l’horizon pour venir nous aider. L’idée de rester pris sur l’île toute la nuit traverse notre esprit.
«L’idée de rester pris sur l’île toute la nuit traverse notre esprit.»
Pour nuire à la situation, le capitaine local arrête de pousser, marche vers la plage, s’assoit et s’allume une cigarette. Il a l’air découragé et convaincu que le bateau ne bougera pas. Nous, on continue à pousser avec l’aide de notre vidéaste, Simon-Pierre, qui était malheureusement trop occupé à pousser le bateau plutôt que d’éterniser ce moment avec des vidéos. Par miracle, quelques petites vagues se rendent alors jusqu’au bateau, malgré la marée qui continuait à descendre. On reprend espoir et on pousse fort. Le bateau bouge vers l’eau! On pousse encore de toutes nos forces à quelques reprises et enfin, le bateau se rend à la mer!
C’est depuis 2012 que nous sommes sur la route. Nous habitons 3 continents différents, selon certaines périodes de l’année. On vit pratiquement dans nos valises. C’est difficile de dire à quel endroit on se sent réellement chez soi. Ce qui fait la différence, ce sont les gens qui nous entourent. Lorsqu’on est entouré de gens positifs et qu’on vit prêt des vagues, on se sent chez soi.
L’un des meilleurs aspects du voyage, c’est la remise en question de nos valeurs et de notre style de vie. Nous sommes tous des produits d’une société qui influence constamment nos objectifs de vie et nos valeurs. Voyager, c’est avoir la chance de découvrir différentes façons de vivre et de se poser la question : qu’est-ce que je veux vraiment dans la vie?
C’est une question extrêmement difficile à répondre. C’est pourquoi plusieurs personnes préfèrent ne pas se la poser. Par contre, selon nous, si les gens ont l’opportunité et les moyens de voyager, ils devraient le faire. C’est notre mission personnelle d’encourager le voyage, le sport et la découverte de différentes cultures.
Avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir vécu un an d’expérience à l’intérieur de seulement quelques semaines? C’est de là que vient notre slogan « Livemore ». Lorsque l’on voyage, on sort de sa zone de confort, on découvre différentes façons de vivre et différentes façons de surfer. On vit tellement d’aventures et notre esprit est tellement stimulé que l’on a l’impression de « vivre plus ».
Après 3 semaines passées sur la côte de Sumatra, il est temps pour nous de revenir à Bali. Ce fût l’un de nos meilleurs surf trip à vie. Nous avons rarement eu autant de vagues constantes à l’intérieur d’une telle période de temps. On revient avec une panoplie de souvenirs ainsi que plusieurs coupures de coraux qui pourront enfin guérir puisque l’on passera quelques jours à l’extérieur de l’eau salée.