Perdu quelque part au Mozambique, on se dirige maintenant vers le secret spot de Sean et Rooster, notre seul point de repère étant la mémoire des deux frères. Un village isolé, sans hôtel ni touriste, on est en plein milieu d'un parc national. Nos deux guides tiennent mordicus à garder l'endroit secret. Mais, selon eux, si vous cherchez, vous finirez par trouver.  Il faut aussi tenir compte d’un détail important : une fois sur place, il faut gagner la confiance du chef du village, à défaut de vouloir coucher en pleine brousse… ;)

Au fil des kilomètres parcourus à bord de notre 4x4, on est de plus en plus confronté à la réalité des villageois. Les habitations sont de plus en plus rudimentaires et l'électricité de moins en moins courante. C'est comme s’il ne s'agissait pas seulement de 100 km, mais plutôt de 100 années qui séparent ces gens du village aux habitants de Tofo. Enfin arrivés au village, on est escorté par le chef jusqu’aux petites cabanes de paille qui nous feront office de maison durant les prochains jours. Très roots...

Le lendemain matin, on est tous debout très tôt, super excités d'aller enfin découvrir la droite sans fin décrite par les deux frères. La plage s’étend à perte de vue. Pour se rendre au spot, on doit traverser le site d’un hôtel abandonné. Les trous de balles sur les murs de bétons témoignent du lourd passé de cette colonie portugaise, et la marche vers la plage est chargée d'émotions.

Le swell n’étant pas au rendez vous, on en profite pour troquer nos petites planches pour des longboards. Changer aussi drastiquement de style de planche demande une légère adaptation, mais, une fois ce moment d’adaptation passé, c'est du plaisir garanti! Le simple fait d'utiliser un longboard rend nos mouvements gracieux. On oublie automatiquement le côté performance et on revient à la base du surf, le style. La vague n'est peut-être pas à son meilleur aujourd'hui, mais, tout de même, quelle session ! Il ne fait aucun doute qu'une fois toute les conditions idéales assemblées, cette déferlante est très près de la perfection.

La vie au cœur de ce village est bien différente de celle qu'on a expérimentée depuis notre arrivée en Afrique. Ici, on retrouve la base de la base. Pour pouvoir manger du pain, il faut s'improviser boulanger, tout comme pour manger du poulet, il faut s’improviser boucher. Il n’y pratiquement que le Coke qui témoigne de l'ère du temps ! Et pour un petit verre après le surf, c'est facile!  Il suffit de trouver l'homme qui fait bouillir des fruits en plein air. À noter, on ne vend pas de Tylenol au village... On vous conseille donc de modérer votre consommation d'alcool locale. La vie ici est somme toute très rudimentaire. Mais, ce sont aussi ces conditions de vie particulières qui font ressortir l’incroyable ingéniosité des habitants.

Fidèles à nos habitudes, on réussit à se permettre une dernière session de surf avant notre départ vers le Madagascar. Assis sur nos surfs, on réalise à quel point on est chanceux. Une vague de rêve au beau milieu d'un parc naturel… Une déferlante comme on l'imagine dans nos rêves de surfers… Il n'y a rien comme avoir un spot de surf à nous seuls. Le potentiel du surf au Mozambique est encore bien peu exploité, et c'est ce qui explique entre autres le fait qu'on soit seuls à l'eau. Il reste encore beaucoup à explorer, mais on est convaincu que les prochains passionnés qui seront de passage s'en chargeront. N'est-ce pas Sean et Rooster? ;) Les gars avaient raison, il est facile de tirer un parallèle  avec l'histoire du surf en Indonésie...